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Le Liban face à l’afflux des réfugiés syriens (2/2)

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Nous avons évoqué dans un article précédent comment le Liban est débordé par l’afflux de réfugiés avec la guerre civile syrienne. Une situation qui oblige le Liban à modifier sa politique vis-à-vis des réfugiés qui risquent d’être présents encore longtemps sur le territoire libanais.

Une carte révélant l'ampleur de la crise des réfugiés syriens au Liban
Une carte révélant l’ampleur de la crise des réfugiés syriens au Liban

Une coexistence à organiser : le cas des enfants syriens

Parmi les réfugiés syriens, on estime qu’il y a entre 480.000 et 520.000 enfants. La plupart d’entre eux ont été confrontés à des scènes de violences extrêmes, ont subi des atteintes physiques. L’UNICEF publiait une tribune en 2014 « no lost generation » afin d’attirer l’attention sur le danger de laisser ces enfants sans suivi psychologique. La scolarisation est une première étape afin de maintenir un encadrement et un suivi de ces enfants, éviter leur désocialisation. Dans une région déjà marquée par le radicalisme religieux et le terrorisme, ces enfants fragiles sont des proies faciles pour l’embrigadement dans le fondamentalisme et la violence.

Un défi pour le Liban dont les écoles sont déjà débordées. Pour l’année 2012/2013, il y avait 85.000 enfants libanais scolarisés dans les écoles publiques pour 88.000 enfants syriens. Dans ces circonstances, seulement un quart des enfants réfugiés syriens vont donc à l’école. Le Liban ne peut assurer seul un tel chantier éducationnel, et les ONG libanaises et étrangères, les organisations internationales interviennent désormais massivement dans le champ de l’éducation pour éviter la déscolarisation massive des enfants syriens. Pour le moment, la solution provisoire est l’ouverture d’une deuxième session d’enseignement l’après-midi pour les réfugiés, dont les coûts sont financés par l’aide internationale et le HCR.

D’autres initiatives portent plus sur les activités parascolaires dans un double objectif : permettre à des individus de se reconstruire et s’épanouir et faciliter les échanges culturels entre les différentes communautés qui peuplent le Liban. La crise syrienne a accentué les différends entre les communautés, ravivant les tensions entre les pros et les antis Assad, les sunnites et les chiites, les chrétiens et les autres communautés, entre les Libanais et les réfugiés palestiniens comme syriens.

Le Liban contraint de modifier sa politique

L’absence de politique d’asile claire a conduit à donner en quelques années l’image d’un pays aux frontières ouvertes, débordé par les afflux massifs et répétés de migrants. Ne voulant pas assumer la charge économique et sociale des réfugiés syriens et fortement marquées par l’installation de réfugiés palestiniens quelques décennies plus tôt, les autorités ont immédiatement empêché l’établissement de camps de réfugiés « officiels ». Pourtant les camps de réfugiés se multiplient sur le territoire libanais : En 2013, le HCR estimait déjà à 240 le nombre de campements informels présents dans la plaine de la Bekaa, allant d’une dizaine à une centaine de tentes chacun. Fin 2014, l’Etat libanais a annoncé que « le Liban ne recevrait plus de déplacés syriens ». Puis les autorités ont imposé le 5 janvier 2015 pour la première fois la nécessité de demander un visa aux Syriens. Entorse aux coutumes frontalières qui laissaient Syriens comme Libanais passer d’un pays à l’autre sans documentation depuis des décennies, l’objectif de cette décision étant de « reprendre le contrôle sur la situation économique et sécuritaire et d’encadrer la présence de Syriens sur le territoire libanais ».

Une mesure symbolique qui démontre que l’Etat libanais prend conscience qu’il ne pourra nier indéfiniment l’impact de la crise syrienne et des réfugiés présents sur son territoire. Un engagement auprès des réfugiés qui sera compliqué à gérer quand on sait que les alliances politiques libanaises reproduisent le schéma des affrontements en Syrie. Le risque d’importation du conflit est réel, ce qui a tendance à paralyser l’appareil étatique ne voulant pas favoriser un camp ou l’autre. Toutefois l’absence d’engagement de l’Etat ne garantit pas pour autant la stabilité du Liban, comme le démontre les tensions dans les villes de Tripoli et Saïda. La crise des réfugiés syriens est un véritable test pour le Liban : le Pays du Cèdre va devoir réussir une fois de plus à surmonter ses divisions confessionnelles s’il ne veut pas à son tour basculer dans le chaos.

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